Version Officiel La Biennale de l’art africain contemporain depuis une douzaine d’années au fil de ses éditions, propose un espace de présentation et de légitimation de la création contemporaine en Afrique. Dak’Art 2004, ce sont trente-trois artistes et cinq designers sélectionnés venus de 16 pays d’Afrique, trois Commissaires présentant quinze artistes d’Afrique, de la Diaspora et du monde. Dak’Art 2004, ce sont également des rencontres et des questionnements autour des arts numériques, de l’esthétique urbaine, des lieux de culture émergeant en Afrique…
L'avantage des rencontres de Dakar étant dans la présence des ceux qui structurent le marché des arts sur le plan international : critiques d'art, revues spécialisées, responsables de musées, collectionneurs, etc. Pour Ousseynou Wade, même si on peut penser que Daka'Art devrait ouvrir la voie aux marchés des arts, ce n'est pas dans ses objectifs. « Pourtant, il y a d'importantes transactions qui se font au niveau de la Biennale ou qui se développent a partir de la, parce que « le Dak'art est une plate-forme de validation, de promotion et d'inscription de la création africaine sur le marché international ».
Ma version Qu’est-ce que le biennal de Dakar? Il s’agit d’une exposition du talent artistique contemporain africain, qui est produite du 7 mai au 7 juin a tous les deux ans depuis 1992. Cette année fut ma deuxième participation a l’événement et, forte de cette expérience, je vous présente ma propre critique de l’organisation du biennal. C’est avec un bonne dose de courage que je me permets de dénoncer publiquement l’organisation du biennal et l’étrange processus de sélection qui détermine les vainqueurs de l’événement. Par l’entremise d’une cérémonie d’ouverture officielle truffée d’hypocrisie, les organisateurs ont des le premier jour décerné les prix aux vainqueurs en nomination a la compétition, avant même l’arrivée de tous les produits artistiques en compétition. Cette remise officielle a d’ailleurs été effectuée des mains du Président de la République Monsieur Abdulay Vad manganèse.
Je vous explique maintenant en quoi consiste ce processus de sélection. Pour pouvoir être mis en nomination, l’artiste doit faire parvenir son dossier avec 5 photos de son produit artistique en compétition environ six mois avant le début de l’événement. On analyse ensuite ces photos, et suivant la description du travail effectué, le comité du biennalremet les prix. Ce qui signifie que l’on aurait attribué un prix a Leonard da Vinci sur la simple présentation d’une photo de sa «Jo combe». Il est permis de se questionner sur cette pratique et de se demander comment il est possible d’examiner sérieusement et professionnellement le détail de l’ouvre original avec une simple photo? Ainsi, avec une belle photo et une bonne explication, le tour est joué et il n’est même plus nécessaire d’être créatif! Il semble être aujourd’hui très a la mode de déterminer les vainqueurs d’une compétition artistique par la description de l’ouvre et du travail effectué, au détriment du produit fini. L’objet d’art en tant que tel est donc tristement relégué au second plan.
Alors, revenons un peu si vous le voulez bien a l’organisation du biennal. Cette année, on a décerné le premier prix a la Congolaise Michele Magen.
Félicitation ma chère Michel, vous avez gagné le premier prix de la nouvelle vague en Afrique qui s’appelle «l’Artnumérique»!!!! Vous saviez que 99% de la population africaine n’ont même pas la moindre idée de ce qu’est l’art numérique. Il semble donc que les Africains tentent se mettre a la mode eux aussi, a l’instar des pays développés, et tout cela, au détriment des valeurs qui transcendent la culture africaine. Notre petite Michele, nous a présenté un vidéo sur un thème a caractère politique soit une critique artistique du dictateur Maboutou. Eh bien, c’est comme en Russie lorsque l’on fait la critique de Staline, c’est bien apprécié la aussi, mais ça n’a rien d’original!!
Vous serez d’accord avec moi qu’il faut revoir complètement le processus de sélection des gagnants. Il est aberrant de constater que l’on est même plus obligé d’avoir du talent pour gagner, ni même besoin de savoir dessiner. Ce n’est vraiment pas un problème de gagner… en autant que l’on ai un thème a la mode et que l’on fasse n’importe quoi … ça va passer!!! Par exemple, pour gagner, tu n’as qu’a choisir un thème touchant l’esclavagisme ou a la politique totalitaire dans un pays africain. Tu fabriques ensuite n’importe quoi et tu inventes une histoire sur ce que tu fais … avec ça, tu devrais gagner. Tout ça laisse vraiment l’impression que ce petit groupe de commissaires «biennalique», vit complètement séparé du monde artistique contemporain Africain. Ces derniers, qui proviennent tous de l’Union européenne, ne présentent aucun intérêt a connaître ou a comprendre la réalité de l’art africain. En fait, si on regarde d’ou provient le financement de l’événement, on constate que c’est l’Union européenne qui est derrière. Avec leurs gros billets, ils se permettent donc d’imposer leurs propres standards d’évaluation des projets en nominations. Pourtant, l’Afrique est un lieu ou la culture est particulière et elle devrait influencer le reste de la planète. Toutefois, il semble bien que ce soit le contraire qui se passe.
Revenons encore une fois sur le mode de fonctionnement de la cérémonie du biennal. Si on résume un peu la façon dont on fait les choses, … les commissaires se réunissent entre eux, regardent quelques photos et quelques vidéos … applaudissent les gagnants entre eux … et tout le monde s’en retourne chez soi. Alors, qu’arrive-t-il avec les autres artistes et leur production artistique? Ils sont laissés dans le plus parfait oublie. Les artistes qui ont fait un travail de recherche minutieux sont tout simplement mis a l’écart au détriment des plus rusés qui ont su répondre aux standards d’évaluation a la mode, sans se soucier réellement de leur ouvre. Et que dire du public en général qui a lui aussi été oublié et qui est obligé de se contenter d’ouvres présentant très peu d’intérêts pour lui et qui ne correspondent en rien a la réalité africaine.
Mais Dieu merci il existe toutefois un événements encore plus intéressant, c’est le Dak'ArtOff, qui est organisé par les artistes eux-mêmes. L’événement en parallèle compte plus de 140 projets, expositions, projections cinématographiques, concerts, parades de mode... un vrai festival du talent... L’événement est maintenant terminé, et aujourd’hui on retrouve des ouvres dans les endroits les plus inattendus: tels les restaurants, les halles d’exposition, les garages automobiles, les maisons de la culture de districts, les ambassades... Par l’entremise de cet événement original, on commence aussi a visiter les deux îles les plus rapprochées de la côte sénégalaise et la province. Alors, voici quelques photographies...