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Au commencement, il y avait en Afrique Noire, des femmes au teint couleur de café grillé, des femmes couleur bananes d’or, des femmes couleur terre des rizières. Aujourd’hui, lorsqu’on se promène dans la plupart des villes africaines, on remarque que les femmes au teint noir sont en voie de disparition. La majeure partie de nos soeurs pratiquant la dépigmentation. Il n’est donc pas étonnant de rencontrer des femmes à deux ou trois couleurs de peau. Les plus malchanceuses se retrouvent avec un visage brûlé au second degré, des tâches et points noirs sur le corps, des vergetures sur les seins, poitrine et cuisses... L’ampleur de ce nouveau phénomène de société a poussé, intéresser à la question.
Entretien avec une femme de teint noir :
-Bonjour Astou. Pourquoi n’êtes-vous pas tentée de changer de teint comme le font beaucoup de filles de votre génération ?
-Parce que je ne ressens aucun complexe d’infériorité avec ma couleur de peau.
-Certains affirment que les femmes qui s’éclaircissent ont plus de succès auprès des hommes. Etes-vous du même avis ?
-Je pense que cela est discutable. Il est vrai que les hommes africains ont un penchent plus prononcé pour les claires. J’ignore pourquoi, mais pour ma part, je n’accepterai jamais de me dénaturer pour faire plaisir à la gent masculine.
-A quoi est dû ce phénomène selon vous ?
-A une crise d’identité et à la déperdition des moeurs. Aujourd’ hui, l’ africain n’ a plus de repères pour s’orienter. Tous nos actes et pensées sont singés, mimés sur l’Occident et l’Amérique.
Entretien avec une femme depigmente:
-Madame, avec votre teint clair très prononcé, je présume que les passants doivent beaucoup se retourner sur votre passage. Est-ce votre couleur naturelle ?
-(Rires) Non.
-Pourquoi avez-vous utilisez des éclaircissants ?
-Parce que, les hommes préfèrent les femmes claires.
-Qu’est-ce qui vous pousse à affirmer cela avec exactitude ?
-J’ai été victime d’une telle mésaventure. Durant cinq ans, je suis sortie avec un homme qui du jour au lendemain m’a laissé tomber pour une fille plus claire que moi. Pour reconquérir mon homme, une copine m’a conseillé de recourir aux "produits".
-Et ça a marché ?
-Comme sur des roulettes. Dès lors, j’ai pu regagner l’amour de mon ami qui doit m’épouser sous peu.
Entretien avec un commerçant :
-Bonjour monsieur. Entre une femme noire et une plus claire, quel serait votre choix ?
-Je préfère la claire.
-Pourquoi ?
-Parce que j’ ai toujours aimé être accompagné par des femmes claires car je trouve qu’elles sont plus belles.
-Donc, vous liez la beauté d’une femme à sa couleur de peau. Que faites-vous alors de son caractère ?
-En général, ce problème ne se pose pas.
-Ne serait-ce pas vous et vos semblables qui poussez nos soeurs à se dépigmenter ?
-Ah non, je ne suis pour rien au fait que les femmes utilisent les "produits". Elles le font parce qu’ elles en ont tout simplement envie.
-Dites-moi, êtes-vous déjà sorti avec une depigmente ?
-(Hésitations).Oui.
-Pouvez-vous nous dire si avez-vous eu à lui acheter des produits éclaircissants ou à lui donner de l’argent à cette fin ?
-Moi je me contente juste de lui donner de l’argent de poche. Pour ce qui est de l’usage qui en ait fait, je ne m’en préoccupe pas.
Entrevue avec un cadre supérieur :
-Comme justificatif, les utilisatrices d’éclaircissants arguent que les hommes aiment surtout les teints clairs. Etes-vous de cet avis ?
-Absolument pas. Je pense que c’est un faux prétexte. Personnellement, j’ai une sainte horreur de ces nouvelles zombies qui pullulent actuellement dans le pays. J’ai ma seconde épouse qui avait commencé à s’y adonner un moment. Et j’ai dû recourir à la répudiation pour lui faire comprendre mon aversion à cette pratique.
Conclusion :
Comme nous le constatons, les avis restent très controversés. Hybridation pour certains, aliénation profonde pour d’autres, l’utilisation des éclaircissants traduit un mal être profond de celles qui s’y adonnent. Mal être dû à un manque de confiance en soi et en ses valeurs intrinsèques.
N’ oublions pas que ces produits éclaircissants, soient disant source de beauté peuvent être à la base de nombreuses maladies de peau et même de cas de cancer ou de cécité. Il serait vraiment temps que les africains et particulièrement nos soeurs africaines se reprennent et soient fières de leur peau afin de mieux revendiquer leur identité culturelle. Tout est devenu matière à imitation sans souci de sélection préalable. Nous devons apprendre à ne puiser chez l’ autre que ce qui nous paraît utile à notre développement. Si cela n’ est pas, nous nous acheminons vers une auto-extermination de la race noire.
Un phénomène né dans les années 60
Le phénomène de dépigmentation de la peau est apparu en Afrique à la fin des années 60. L'éclaircissement de la peau par différents procédés est pratiqué dans plusieurs régions d'Afrique, mais les principaux pays touchés par ce phénomène sont le Togo, le Sénégal, le Mali, le Congo (où beaucoup d'hommes s'éclaircissent la peau également) et l'Afrique du Sud.
Il semblerait que près de 90% des femmes qui utilisent des produits éclaircissants le font pour un ordre esthétique. Plusieurs personnes invoquent le fait que si les femmes s'éclaircissent la peau c'est pour l'unique raison que les femmes sont persuadées que les hommes préfèrent les femmes claires, un peu comme on avait l'habitude d'entendre que les hommes préfèrent les blondes.
C'est à se demander si cette pratique est saine…
La responsabilité des hommes
Au Bénin, (surtout à Cotonou), ce sont les hommes qui tacitement ou directement encouragent le « bojou ». Certains le financent même, car ils veulent des femmes claires. C'est le cas d'un époux qui a commencé par faire la fugue. L'épouse qui cherche à savoir ce qui attire son homme à l'extérieur en dépit des soins qu'elle lui apporte, s'est retrouvée en face de la réponse suivante : « Vas faire « bojou » toi aussi, si tu veux que je reste à la maison ».
C'est un constat. La responsabilité des hommes vis-à-vis de cette pratique est évidente. Cette beauté fatale tant appréciée par les hommes est la raison d'être.
Ceci étant, les hommes ont la lourde responsabilité d'éradiquer le mal par une réorientation ou redéfinition de leurs critères objectifs ou subjectifs de beauté.
Mais le veulent-ils réellement ?
Les femmes accepteront-elles un jour que le noir soit la couleur de tous les jours ?
Selon les races, l'épaisseur de l'épiderme, la structure du derme et sa vascularisation, la distribution de la pigmentation, la richesse et la qualité des annexes (glandes sudorales, sébacées et phanères), la densité des poils et l'équilibres écologiques de surface varient considérablement. D'où l'importance des paramètres sociaux, environnementaux et dermatologiques dans la couleur de chaque individu.
Si la peau humaine possède ces qualités universellement reconnues, l'on se pose la question de savoir pourquoi de nos jours, des individus désirent-ils à la modifier au risque de rompre cet équilibre naturel si indispensable ?
Les procédés
Selon Madame Banga, Esthéticienne Cosméticienne au centre de formation en Esthétique Elysée Marbeuf de Yaoundé au Cameroun, plusieurs procédés sont utilisés pour s'éclaircir la peau : du bricolage aux méthodes les plus raffinées. Généralement, les femmes et de plus en plus les hommes, se rabattent sur les produits bon marché compte tenu du faible revenu des habitants.
Ces produits qui n'ont pas la même composition et les mêmes effets que les produits originaux imités occupent une place non négligeable dans les activités économiques.
Les utilisatrices se procurent ces produits sur les marchés où ils circulent sans aucun contrôle et sont proposés par des revendeurs dépourvus de toute compétence officinale.
Les cosmétiques utilisés contiennent des corticoïdes (anti-inflammatoire), hydroquinone (antiseptique) détournés des circuits pharmaceutiques officiels, des crèmes éclaircissantes importées par divers réseaux parallèles, à la composition rarement précisée, et des préparations artisanales confectionnées sur place par mélanges comprenant plusieurs ingrédients (eau de javel, sels de mercure, etc.).
Les utilisatrices recourent souvent à plusieurs produits et en changent dans le temps.
En réalité, ce sont des produits à la qualité douteuse. Ils proviennent généralement d'Asie du Sud-Est, du Nigeria, d'Afrique du Sud et d'Europe. Leur composition chimique, aux dires des esthéticiennes ne respecte pas les normes.
L'hydroquinone - substance qui colorie la peau - est supérieure au seuil tolérable de 2 %.
Le quinacore, un produit destiné à soigner les rhumatismes est aussi utilisé. La particularité de ce produit, est l'effet secondaire produit. Il blanchit la peau du patient. Des femmes se font aussi injecter du quinacore, pour obtenir une peau claire harmonisée.
Pourtant, estiment les spécialistes, toutes ces pratiques sont très dangereuses pour la santé. L'injection de quinacore blanchit la peau certes, mais de sources médicales, il affaiblit le système immunitaire, au point de le rendre vulnérable aux agressions externes. Même les plus bénignes.
L'utilisation régulière des corticoïdes favorise les mycoses (maladies de la peau dues aux champignons). « A la longue, la peau devient hypersensible, elle dégage une odeur de poisson frais ».
Pire nous confie une esthéticienne, la destruction de la mélanine, cette protection naturelle contre les rayons X du soleil peut être fatale. Privée ainsi de vitamine D, la peau est vulnérable à toutes les agressions solaires.
Voilà qui, selon Madame Banga ouvre la voie au cancer de la peau, voire aux leucémies (les cancers de sang).
La cicatrisation des blessures devient compliquée, ce qui peut être fatale après une opération chirurgicale.
Dépigmentation des stars congolaises
La dépigmentation des stars congolaises a encore connu une forte propension. Mais depuis un certain temps, avec la prise de conscience des conséquences néfastes que cette dépigmentation engendre ; cette beauté que nous pouvons qualifier d'accessoire est de plus en plus rejetée par les jeunes actuels.
Complexe d'infériorité ?
Toute personne de race noire qui se dépigmente la peau est un grand complexé, qui a complètement honte d'être né noir quand bien même personne au monde ne choisit son lieu de naissance, ses parents biologiques, sa couleur de peau et surtout son sexe. Il serait vraiment temps que les africains et particulièrement nos sœurs africaines se reprennent et soient fières de leur peau afin de mieux revendiquer leur identité culturelle.
Tout est devenu matière à imitation sans souci de sélection préalable.
Nous devons apprendre à ne puiser chez l'autre que ce qui nous paraît utile à notre développement.
Si cela n’est pas, nous nous acheminons vers une auto-extermination de la race noire. A une crise d'identité et à la déperdition des mœurs. Aujourd'hui, l' africain n'a plus de repères pour s'orienter. Tous nos actes et pensées sont singés, mimés sur l'Occident et l'Amérique.
Il est clair que l'intérêt d'être noir sur la terre des hommes existe, il appartient à chacun d'engager une recherche personnelle afin de se découvrir c'est-à-dire de savoir pourquoi il est noir.
Pour tout dire, la dépigmentation de la peau soit-elle à outrance ou pas est une véritable aliénation culturelle qui mérite d'être combattue avec beaucoup d'énergie par le biais de l'éducation et la religion.
Toujours est-il qu'il appartient aux parents, aux enseignants et aux hommes de Dieu d'apprendre aux jeunes noirs à s'aimer tels qu'ils sont, de façon à éviter cette gratuite crise d'identité. Il convient en tout cas de ne pas se laisser influencer par un complexe ou un sentiment d'infériorité qui n'a aucune raison d'être. Il est tout à fait déplacé d'associer de quelque manière que ce soit la notion du laid ou du beau avec le noir ou le blanc.