Collection des differents Monnais Guinéen
Photo d'archive Elene Elhova- Sangaredi 2008
Mais il faut savoir que dans le passé a existé une devise ancestrale: le quinze.
Le quinze était une monnaie de fer émise de Beyla à Kissidougou qui est dans une région où affleurait le minéral. Certains pensent qu’il a coïncidé au XV’ siècle avec l’arrivée des Portugais et l’essor des ports de Sierra Léone et du Libéria où aboutissaient les caravanes apportant les marchandises du Soudan et transitant par la zone forestière de l’actuelle Guinée. Mais l’historien Fasinet Beavogui, de l’Université de Conakry émet l’hypothèse qu’il est beaucoup plus ancien et qu'il aurait circulé dès le Vlll’ siècle à une époque où le commerce transsaharien descendant jusqu'à la zone forestière était florissant et déja aux mains des Dioala malinké. Il aurait donc précédé les cauris qui, eux furent introduits à partir du XVI siècle par les Portugais. Il existait en fait deux quinze: le grand qui servait à fabriquer les outils en fer; le petit, véritable monnaie, constitué d’une bande métallique de 30-70 cm de long, mi-martelée, mi torsadée aux deux extrémités aplaties, généralement groupés par paquets de vingt. Si l’on ignore comment les différentes chefferies géraient entre elles les problèmes de circulation et de parité entre des pièces de tailles différentes, émises par des souverains forestiers indépendants, on sait que ces derniers ont eu une véritable politique monétaire et que le quinze constituait une réserve de valeur, avec l’accumulation massive de quinze, remplissant de grandes cases, gardées par des soldats et nécessitant un personnel spécialisé pour l’entretien et le comptage des tiges. On peut penser que cette accumulation impliquait la volonté des souverains de réglementer le cours, avec constitution de banques de réserve ou de banques de dépôt dont les premiers clients pouvaient être les Dioula commercants qui ne pouvaient se déplacer dans leur long voyage avec un trop grande quantité de monnaie, pour une double raison de sécurité et d’encombrement. Cette fonction bancaire fait étrangement penser à celle exercée, en Europe, par les Templiers à l’époque des Croisades. De même que, pour ces derniers, elle entraîna un enrichissement important, synonyme de pouvoir, de même pour les Etats esclavagistes de la forêt qui entreposaient de véritables trésors, ils représentaient une vraie force politique. Comme le commerce européen ne pénétra que faiblement la zone du quinze jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, il eut cours jusque-la malgré la volonté du pouvoir colonial qui voulait imposer le franc et qui, parfois. dut accepter le quinze. Ce n’est qu’après l’Indépendance que celui-ci finit par être interdit au profit de la nouvelle monnaie, le syli...